Je mourrai à n'en pas douter et pourtant je ne serai jamais mort.
Paradoxe? Non, on n'est pas mort, ce qui serait un état, une autre façon d'être. On n'est plus tout simplement.
Les ouvriers égyptiens qui ont bâti les pyramides, les paysans chinois qui cultivaient le riz il y a 4.000 ans ne sont pas plus morts que le malade décédé ce matin dans sa chambre d'hôpital ou renversé par une voiture. Il a quitté l'Être. Il n'est pas non plus dans le non-être qui n'existe pas, si ce n'est comme concept langagier pour mettre en valeur qu'il n'est d'Être que l'Être.
La peur naturelle aux hommes devant la mort vient de ce qu'ils craignent pour l'essentiel, l'après" (fiction entretenue par toutes les religions) alors qu'il n'y a pas d'après. L'après c'est comme l'avant. Il n'y avait rien, il n'y aura rien.
Illusion entretenue aussi par la vision d'un cadavre qui semble encore être là : il est mort dit-on. L'enveloppe est encore là, certes, pour quelque temps, mais c'est une illusion des sens en quelque sorte.
Il n'est pas mort, non, il n'est tout simplement plus.
A la limite on dira qu'il meurt, signifiant qu'il passe de l'Être au non-Être mais la mort n'est pas un état, c'est juste un insaisissable passage.
Je mourrai certes mais pas pour passer d'un état, l'Être, à un autre état qui serait le non-Être dans lequel je poursuivrais ma vie antérieure sous d'autres modalités.
Les Grecs l'avaient déjà compris il y a 2.500 ans : il n'est d'Être que dans l'Être (Parménide)
Je mourrai mais ne serai jamais mort.
(Illustration : Les Ambassadeurs d'Holbein)
A la limite on dira qu'il meurt, signifiant qu'il passe de l'Être au non-Être mais la mort n'est pas un état, c'est juste un insaisissable passage.
Je mourrai certes mais pas pour passer d'un état, l'Être, à un autre état qui serait le non-Être dans lequel je poursuivrais ma vie antérieure sous d'autres modalités.
Les Grecs l'avaient déjà compris il y a 2.500 ans : il n'est d'Être que dans l'Être (Parménide)
Je mourrai mais ne serai jamais mort.
(Illustration : Les Ambassadeurs d'Holbein)
10 commentaires:
For A Dancer
Keep a fire burning in your eye
Pay attention to the open sky
You never know what will be coming down
I don't remember losing track of you
You were always dancing in and out of view
I must have thought you'd always be around
Always keeping things real by playing the clown
Now you're nowhere to be found
I don't know what happens when people die
Can't seem to grasp it as hard as I try
It's like a song I can hear playing right in my ear
That I can't sing
I can't help listening
And I can't help feeling stupid standing 'round
Crying as they ease you down
'cause I know that you'd rather we were dancing
Dancing our sorrow away
(right on dancing)
No matter what fate chooses to play
(there's nothing you can do about it anyway)
Just do the steps that you've been shown
By everyone you've ever known
Until the dance becomes your very own
No matter how close to yours
Another's steps have grown
In the end there is one dance you'll do alone
Keep a fire for the human race
Let your prayers go drifting into space
You never know what will be coming down
Perhaps a better world is drawing near
And just as easily it could all disappear
Along with whatever meaning you might have found
Don't let the uncertainty turn you around
(the world keeps turning around and around)
Go on and make a joyful sound
Into a dancer you have grown
From a seed somebody else has thrown
Go on ahead and throw some seeds of your own
And somewhere between the time you arrive
And the time you go
May lie a reason you were alive
But you'll never know
I didn't know Jackson Browne and even less this song Anijo.
Though the tune isn't unforgettable the lyrics are sheer poetry indeed.
I keep on reading them and they're truely great stuff.
Always keeping things real by playing the clown questions the reality of reality.
you have grown
From a seed somebody else has thrown
Go on ahead and throw some seeds of your own
deals with life/love passing by from an individual into another from immemorial past to unpredictable future.
What a gem you've remembered here Anijo! I'm impressed by this song.
existentialstarwars
I don't know if this youtube(in French)should be here or in the previous thread.
There was a clever analysis of Star Wars in the film "Clerks". One of the actors criticized the attack on the Death Star because most of the people on it were contractors and workers who were of course killed. He thought that rather immoral.
Anyway, the film is a must-see.
La mort n'est rien, tu vas juste passer dans la pièce à côté.
tu vas juste passer dans la pièce à côté.
Et quand tu passes dans la pièce à côté, ce sont ceux qui t'aiment, qui sont tristes because they will miss your presence on this Earth.
Ned,
"I don't know if this youtube(in French)should be here or in the previous thread."
Puisque Parménide est cité Sartre peut bien lui tenir compagnie. D'autant que Parménide pense l'Être et que l'ouvrage principal de Sartre est L'Être et le néant.
I suppose the Clercks you're refering to is that one.
Mais je n'ai pas vu Star wars either.
La vidéo est amusante en effet.
Ce n'est pas la première fois que j'observe combien Sartre semble plus "populaire" aux E.U qu'il ne l'est en France à présent.
Comme tu sais, ce sont les penseurs de la French theory qui sont étudiés de nos jours, pas Sartre.
Cela dit les Deleuze, Derrida etc sont plus ou moins les fils spirituels de Sartre.
ZapPow,
Je suis d'accord avec la première partie de ta phrase (la mort n'est rien) mais pas avec la seconde.
Passer d'une pièce à l'autre c'est comme prolonger ailleurs une existence vécue dans une première pièce. C'est affirmer la persistance de la vie sous d'autres modalités.
A moins bien sûr que tu ne vois les choses à la façon des Hindous et des Bouddhistes qui croient aux cycles de vie et à la réincarnation.
Anijo,
"ce sont ceux qui t'aiment, qui sont tristes because they will miss your presence on this Earth."
Which reminds me que nous avons eu un échange avec EYGH sur ce thème il y a 2 ans environ.
Puisque les Chrétiens pensent que la vraie vie est celle qui les attend auprès de leur dieu dont ils partageront éternellement la bonté, la félicité et l'amour, ils devraient être heureux et même envieux de ceux qui les quittent puisque parents, enfants et proches seront plus vite qu'eux auprès du Seigneur qui est amour et plénitude.
Les Juifs sont plus cohérents de ce point de vue puisqu'il n'y a pas d'after life dans le judaïsme.
Pour eux, nous n'avons qu'une vie elle est hic et nunc et personne ne retrouve personne dans un paradis qui n'existe pas (afaik).
Chez eux ils n'y a pas de pièce à côté ;-)
Je me doutais bien que tu ne serais pas d'accord. Cet extrait d'un poème de Charles Péguy qui s'est inspiré d'un texte de Saint Augustin est peut-être plus, lorsqu'on le considère dans sa totalité, une affirmation poétique d'une banalité, "La vie continue", que celle d'une vie après la mort ? Ou une façon de dire que la vie après la mort continue dans la mémoire des vivants ?
À toi d'en juger :
La mort n'est rien,
je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné,
parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez,
pensez à moi,
priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte,
sans une trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
Piégé! ;-)
Je ne connaissais absolument pas ce poème de Péguy dont je ne sais d'ailleurs rien si ce n'est que la boutique des Cahiers de la quinzaine était située au 8 rue de la Sorbonne où j'ai travaillé à partir de fin 1984.
C'était toujours une librairie occupée par les Éditions Didier qui s'y étaient installées avant guerre.
Effectivement, pour le croyant, le défunt n'a disparu que des yeux, il est encore présent mais ailleurs.
Ce n'était pas mon approche bien sûr.
L'idée que le disparu survit dans la mémoire des proches qui restent (temporairement) est commune certes mais qu'en est-il quand ces mêmes proches à leur tour disparaissent? D'autre proches leur survivent dont ils gardent la mémoire mais il faut bien peu de générations pour qu'un homme soit oublié de tous dans la plupart des cas.
Le texte d'Augustin dont Péguy s'est inspiré est sans doute celui-ci.
De la part de l'auteur de la Cité de Dieu c'est bien sûr attendu. Texte de consolation et d'espoir auquel doivent adhérer tous les croyants, donc Péguy comme Charles de Foucault à la même époque.
Tu as bien fait de citer ce texte de Péguy inspiré d'Augustin puisque celui-ci comme tu sais est le philosophe qui s'est appuyé sur Platon (qui était déjà mort depuis plus de 7 siècles!) afin d'assoir la théologie chrétienne pour les 8 siècles qui devaient suivre avant que Thomas d'Aquin à son tour ne récupère Aristote.
Chez Platon la mort délivre en effet du monde sensible pour permettre l'accès aux réalités intelligibles. Augustin à subsitué son dieu aux réalités intelligibles de Platon dans le livre VIII de sa Cité de Dieu.
Après les Confessions lues il y a peu (4 ans je crois) et d'une agréable lecture, j'étais passé à la Cité de Dieu que j'ai quitté précisément après ce chapitre 8.
Entendre évoquer la gloire de Dieu 5 ou 6 fois par page (Dieu mon amour, ma lumière, mon sauveur, Dieu mon enfant, mon protecteur que j'aime et chéris etc.) sur plus de 1.000 pages, à la fin j'ai éprouvé le besoin d'aller voir ailleurs...
Mais c'est tout de même très interessant.
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Je ne devrais pas mais je suis seulement passé, dans la pièce à côté me fait irrésistiblement penser à Par où t'es rentré, on t'a pas vu sortir?.
Pardonnez-moi mon père :-D
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