jeudi 24 avril 2008

Crying babies



La fréquentation régulière et assidue des média américains (presse, blogs, télés), ne manque pas de faire apparaître immédiatement un usage incroyablement récurrent d'un seul et unique thème, quasi obsessionnel, dont l’essentiel de la “rhétorique” consiste à recourir exclusivement à une seule grille de lecture des rapports internationaux: l’anti-américanisme des autres. Comme les enfants de 5 ans qui, n’étant jamais satisfaits de l’amour qui leur est prodigué, ne trouvent rien d’autre à dire que: “If you don’t love me then you hate me”. Sounds familiar? “If you’re not with us you’re against us”

On a beau dire et faire, proposer toutes les explication du monde, faire preuve d’une infinie patience, rien n’y fait et n'y fera jamais, le seul outil dont disposent les crying babies, c’est la grille de lecture qui n’accepte que “l’anti-américanisme” comme explication ultime des divergences d’analyse des USA avec le reste du monde. C’est leur indépassable mantra.

Combien de fois a-t-il été souligné que jamais dans aucun média européen d’importance on ne trouverait le 10ème des excès que l’on trouve dans les médias américains? Peine perdue, inutile de s'arrêter à des démonstrations cent fois renouvelées, il n’y a pas à en sortir: C’est l’anti-américanisme qui est cause de tout, ce sont les ennemis de l’Amérique, America-haters etc…

Vouloir à tout prix faire entrer tout le réel dans le champs d’une seule et unique grille d’interprétation (l’anti-américanisme) est évidemment absurde et stérile comme il est plus encore vain et même insensé de prétendre l’expliquer.

On ne manquera pas de remarquer que le retour sur investissement de cette "carte joker" est nul sur le long terme car à force de qualifier l’Autre de ce qu’il n’est pas et dont même il se défend, le résultat est assuré: l’Autre finit par adopter la posture qu’on veut lui faire endosser et reprend à son compte les accusations dont il n’a eu de cesse de se défendre pendant un temps.

Même processus avec les Juifs qui crient à l’anti-sémitisme quand il est question du sionisme ou les Africains qui crient au “racisme” et au néo-colonialime" quand on prend la liberté de poser certaines questions. Meilleure façon de produire des anti-sémites et des “racistes”. Idem pour les pseudo anti-américains. A la fin la coupe est pleine des jérémiades insensées et infantiles des média américains et de leur thuriféraires qui n’ont que le “concept” d’anti-américanisme à opposer à leurs interlocuteurs dès lors que ces derniers n’acceptent pas absolument, immédiatement, inconditionnellement et intégralement leur vision du monde et leur responsabilité parmi le concert des nations.

7 commentaires:

ZapPow a dit…

Bof ! Quand deux Américains ne sont pas d'accord, il y en a un qui est anti-Américain.

Je viens tout juste d'en voir un traiter les villes entières de San Francisco et de Berkeley de "America-haters". C'est qu'en plus, ils ne font ni dans la dentelle ni dans la nuance.

Anonyme a dit…

C'est vrai, on peut se retrouver sans préavis taxé d'anti-américanisme (primaire, bien entendu, comme dans le temps on avait l'anti-communisme du même métal).
On a bien "français" et "anti-français", mais ce n'est pas une grille de lecture du monde. D'ailleurs les Français sont persuadés qu'on ne peut rester anti-français très longtemps. Ce n'est pas une question vitale, juste une émotion passagère.

Je suis aussi frappé par la persistance du doute profond dans les média américains sur l'identité nationale et (ce n'est pas contradictoire) sur leur incompréhension des choses du reste du monde, qui sont parfois classées "un-American" et donc "anti-American". Je me demande même s'il existe ailleurs un pays qui tranche aussi nettement entre "national" et "un-national" sans qu'on sache trop de quoi il s'agit et sans argument explicite.

What is un-American, exactly? Just opposing Irak or other wars?

Etchdi

Ned Ludd a dit…

A bit OT, but one "anti" sort of thing Americans, at least the medio, accept is misogynism.

The site Shakespeare's Sister gives a running account.

http://shakespearessister.blogspot.com/2008/04/hillary-sexism-watch-part-eighty-three.html

They are only up to number 83 on the sexist attacks on Clinton.

Flocon a dit…

zappow,

Il est vrai que cette surenchère dans le "plus américain que moi tu meurs" est troublante comme elle ouvre d'intéressantes possibilités à l'analyse.

Ton exemple me fait penser que la traditionelle lutte des classes (économiques) qu'on peut rencontrer partout ailleurs semble dans ce cas être remplacée par une lutte des classes d'ordre intellectuel.

Ceux de la terre, bluegrass et ceux des villes. Non pas tant les possédants urbains contre les "opprimés" ruraux mais tout bêtement les progressistes et les réacs. d'où qu'ils viennent.

La Californie en est le symbole non?

Flocon a dit…

Etchdi,

Je suis aussi frappé par la persistance du doute profond dans les média américains sur l'identité nationale"

Il m'apparaît que c'est l'essence même de la tragédie américaine. Sur fonds de "qui sommes-nous? D'où venons-nous?"

Le rapport au temps et donc à l'Histoire est une blessure ouverte en permanence chez cette nation. Et comme tu le remarques logiquement, c'est bien cette relation/comparaison aux autres nations, qui elles ont une histoire millénaire ou bien plus, qui entraîne ce déréglement vertigineux dans le rapport à l'autre.

Il faut bien vivre cependant alors on surcompense à coups de "un-american" ou anti-american". Affirmer à tout prix son identité dont on ne sait au juste ce qu'elle est mais l'affirmer parce qu'au bout du compte cette affirmation deviendra identité.

En tous cas, il faut faire avec...

Flocon a dit…

ned,

Not sure I have understood what you meant due to my poor skills in English.

Are misogynist attacks more or less acepted in the US? Which wouldn't be exactly in tune with contemporay Political correctness?

Ned Ludd a dit…

Flocon, "Are misogynist attacks more or less acepted in the US?"

Apparently they are in the mass media, and even in some so-called progressive blogs that I read. I can give you names if you like.

Of course they all say that they are not misogynist and they think they are PC, but I think the facts speak for themselves.

Just for example, Clinton was criticized for "crying" when she was just showing emotion. She was accused of being a pimp, by a major tv newsman, because her daughter campaigns for her.

There are many other examples.