Foules.

«Chaque homme porte en lui un monde composé de tout ce qu’il a vu et aimé, et où il rentre sans cesse, alors même qu’il parcourt et semble habiter un monde étranger.»

Voyage en Italie
Chateaubriand

Nous portons tous en nous un univers fait de souvenirs, d’émotions, de fantasmes, de projets et d’imaginaires de toutes sortes. C’est l’Esprit issu de la Matière. Immatériel univers tout à la fois unique et multiple, singulier et partagé.

Voir rassemblés des milliers, des dizaines et centaines de milliers d’individus en foules me fascine véritablement. Que ce soit dans des stades ou des lieux consacrés, la réunion de ces multitudes cumulées et pourtant individuelles me donne carrément le vertige.

Ce monde parallèle installé au cœur du présent lui survit et le transcende si l’on se représente que les souvenirs latents et actuels de chacun y insèrent en permanence le passé comme l’imagination et la projection y déposent déjà ce qui en sera le futur.

Cette masse, cette manifestation de l’Esprit du monde (?) quel en est le statut ontologique? Et n’a-t-il pas plus de réalité que la matière immédiatement donnée?