Arrêtons-nous une seconde sur cet étonnant paradoxe : personne avant nous n'a entendu ce que nous entendons ni personne d'autre jamais plus ne l'entendra.
Le chant d'un oiseau est unique, que ce soit celui du Pipiri de Martinique ou de n'importe quel autre oiseau dans le monde quels que soient l'endroit et l'époque.
Le même oiseau, énième spécimen d'une famille multimillénaire, même si son chant paraît semblable à celui des millions de congénères qui l'ont précédé est tout de même unique. Ses trilles, sa gamme, sa fréquence, son rythme, la puissance de son ramage, les conditions de son environnement à l'instant où il se fait entendre et tant d'autres paramètres, rien n'est jamais exactement identique au sens scientifique du terme.
Il en va de même de tout son produit par un animal et donc de nos voix et des sons que nous émettons. Les mots que nous prononçons ne le sont jamais de la même façon, ils se différencient toujours par certaines intonations aisément identifiables par un oscilloscope.
Jamais dans toute l'histoire de l'univers un seul son n'a été identique à un autre, que ce soit celui produit par une avalanche, un tremblement de terre, une éruption volcanique, un incendie dans une forêt, l'affaissement des vagues sur les rochers et les rives des continents ou encore le bruissement du ruisseau ou le sifflement du vent dans les arbres.
Mais ce ne sont pas seulement les sons qui émanent de la nature qui tous sont différents les uns des autres quelle que soit leur apparente similarité ou proximité, ce sont également nos perceptions qui diffèrent en permanence du fait de nos outils perceptifs, que ce soit l'ouïe mais aussi la vue, le toucher etc.
D'un individu à l'autre les perceptions sont différentes comme elles le sont chez chacun d'entre nous d'un moment à l'autre. Notre vie est faite de perceptions uniques et singulières qui n'appartiennent qu'à nous dans un monde en permanente évolution.
Certes, il y a une apparente cohérence entre les objets de nos représentations et les représentations que nous nous en faisons par le biais de nos perceptions. Il n'empêche, au-delà de nos malheureuses capacités sensitives, aucune manifestation de la nature n'est jamais identique à elle-même ni ne l'a jamais été.
L'observation de la multiplicité des phénomènes et la façon dont nous les percevons et les transformons pour établir notre relation avec le monde ne manque pas de poser la question de la réalité elle-même qui, à coup sûr, n'a rien d'intangible, de fixe ni d'éternel. Tout est devenir, flux, renouvellement, tel est le sens de la célèbre citation d'Héraclite :
On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve
Quelle est donc cette réalité aussi fugitive qu'insaisissable que nous le sommes puisque nous en sommes les miroirs? Que pouvons-nous donc en affirmer quand en permanence tout ce qui nous est accessible l'est de manière fugace et ô combien partielle?
On retrouve cette interrogation aussi bien chez les présocratiques que chez les Bouddhistes, en particulier dans les concepts de coproduction conditionnée et d'impermanence.
Nothing is real and nothing to get hung about.
On retrouve cette interrogation aussi bien chez les présocratiques que chez les Bouddhistes, en particulier dans les concepts de coproduction conditionnée et d'impermanence.
Illustration : Tyran gris
(Photo de Claude Ruchet)
15 commentaires:
I remember ZapPow speaking of the Pipiri and linking to "Un Camembert de Touraine qui s'appelle Pipiri Chantant"
here is the thead where Zappow linked to the Pipiri with you participating.
But the Camenbert de Touraine is your find ☺
Il ne peut pas y avoir de Camembert de Touraine, c'est une appellation protégée qui ne peut être produite qu'en Normandie.
L'image est un montage Photoshop :-D
Next step is Génération Fanon 2011 nous informant de l'existence d'un Emmental produit au Lamentin... ;-)
(Loin de la métropole!!! Je blague génération Fanon 2011, je blague)
A very strange camambert : the bird doesn't look at all like a pipiri, and there is that head, with three "bouts", which means "I'm a married woman, too late for you". La Foyalaise is an inhabitant of Fort-de-France, Martinique (a female one).
Voici l'adresse du site d'où provient cette photo.
Il me semble que c'est un site de créations graphiques spécialisé dans les étiquettes de boîtes de fromage...
and there is that head, with three "bouts", which means "I'm a married woman, too late for you".
huh?
Évidement on doit être français pour comprendre ça... Ned? Tu comprends?
Anijo,
"Évidement on doit être français pour comprendre ça"
Il faut sans doute être de la Martinique parce que moi non plus je n'ai pas compris...ô-Ô
I wasn't very clear, indeed. La tête de femme sur l'étiquette du fromage est coiffée d'un madras, coiffe traditionnelle aux Antilles. Le nombre de pointes (bouts) de la coiffe a des significations différentes :
1 pointe : mon cœur est libre
2 pointes : mon cœur est pris mais vous pouvez tenter votre chance
3 pointes : je suis mariée, mon cœur est pris, passez votre chemin
4 pointes : mon cœur est immense, il y a de la place pour qui le désire
http://www.bellemartinique.com/index.asp?id=755
ZapPow,
Quand on m'explique en général je comprends et là, oui c'est plus clair...
Sympa cette signalétique! Il faudrait importer ça en métropole :-D
Les tenues traditionnelles sont magnifiques!
Et les chapeaux pour les hommes afin de nous montrer leur signalétique?? Eh? ☺
C'est comme les jours quand on n'avait pas le titre "Ms."
Either the women lose the madras which spells out everything or the men acquire a madras which likewise spells it out.
Fair is fair. ;) ☺
or the men acquire a madras which likewise spells it out.
Which would mean that we come up with male equilavent for 'Miss'(mademoiselle) and 'Mrs' (madame). I wonder what that would be? 'Monsieur' can be either a married man or a single man, just as 'Mr' can be either a married man or a single man, just as 'Ms' can be either a single woman or a married woman. What is the male equivalent of 'Miss' or 'Mrs'? And what is the French equivalent of 'Ms'?
So many questions! ☺
Ah, je viens de remarquer qu'il y a un billet avec le Pipiri!
A chaque instant notre vie se déroule dans un monde de phénomènes toujours renouvelés au sein duquel nous dérivons comme des coquilles de noix sur l'océan infini des possibles.
Flocon,
This returns full circle to free will. We are all a result of our own unique experiences which cause us to react to various things in the way that we have evolved, based on said experiences.
I may be free to decide what I will eat this evening, or what music I will listen to, or what I will say here or elsewhere. But what I eat or listen to or say depends upon who I am, which in turn depends upon my past experiences.
Anijo,
J'ai modifié la fin de telle sorte que la question du libre arbitre n'apparaisse plus sous-jacente.
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What is the male equivalent of 'Miss' or 'Mrs'? And what is the French equivalent of 'Ms'?
On peut faire la distinction en utilisant Monsieur pour un homme et Jeune homme pour un adolescent mais c'est assez délicat.
Dire "jeune homme" à un garçon est assez condescendant. Like would be the use of "sonny" for a teenager.
"Dites-moi jeune homme, où est la station de métro la plus proche?
When I was 17 I would have felt like: Hey, who do you think you are to talk to me that way?
Cette idée-là me convient Flocon, à savoir que ce que nous percevons n'est jamais pareil et que le chant d'un oiseau n'est jamais le même. Au moins évite-t-on la répétition, la lassitude et notre rapport au réel est sans cesse titillé. Nous ne serons donc jamais blasés, jamais las. Ce que vous dites, nous l'expérimentons chaque jour, parfois dans le regret - c'était mieux la première fois que nous avons entendu, vu, écouté, goûté, découvert- parfois dans une joie indicible.
Rappelez-vous Verlaine et son rêve familier
Mon Rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
(fin 2ème §= "à quelque endroit et à quelqu'époque que ce soit" mais je lui préfère "quels que soient l'endroit et l'époque")
Christine,
Votre lecture du billet est de l'ordre des émotions (Verlaine) mais (qui n'est pas le sondern allemand) elle convient aussi puisque le sujet percevant est bien une sensibilité.
Sans vouloir alourdir le billet je pensais à la phénoménologie husserlienne qui vise à la compréhension du monde par le biais de l'observation intériorisée des phénomènes.
Léo Ferré avait enregistré en 1964 deux 33t sur lesquels il mettait en musique une trentaine de poèmes de Verlaine et Rimbaud.
De superbes chansons qui m'ont fait découvrir l'homme aux semelles de vent et le buveur d'absinthe...
J'ai corrigé selon votre recommandation, c'est effectivement plus léger, il y avait 5 ke (quel que... quelle que... que), n'en restent que deux...
L'euphonie y a gagné!
Cela m'a toujours gêné ces si agressifs que du français. Je pense aux étrangers...
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