jeudi 10 novembre 2011

Five feet above the ground

 
Le réductionnisme est une intéressante approche du réel dans la mesure où il nous permet de l'appréhender d'une façon scientifique dépourvue de pathos ou de parasitage affectif. Il ne rend cependant compte du réel que jusqu'à un certain point au-delà duquel il est tout à fait inapproprié et se dissout lui-même dans son constant processus de décomposition.

Notre corps est bien constitué d'un certain pourcentage d'eau, de carbone et d'autres éléments premiers, nos organes sont bien constitués de cellules et puis d'atomes et de neutrons etc., cette décomposition physico-chimique ne nous apprend rien sur le mystère de l'esprit et de la conscience. Là où il y a du sens, le réductionnisme, comme tout autre méthode scientifique, est inopérant.

Il est pourtant un domaine où je ne vois guère quelle autre vision du monde peut décrire le moins mal une certaine réalité et c'est celui du savoir et donc de la mémoire.

Qu'est-ce donc que le savoir si ce n'est une incommensurable accumulation de charges électriques dans nos cerveaux? L'écriture, les livres et parchemins qui se trouvaient dans la bibliothèque d'Alexandrie et tous les moyens de fixer une partie des connaissances que l'humanité a engendrées depuis des millénaires ne sont, in fine, que la matérialisation du produit de l'activité neuronale de milliards d'individus. 

Il y a le savoir communicable, ce qui peut-être définit le savoir justement, et le savoir qui n'est que très partiellement transmissible, ce qui est le propre des souvenirs des uns et des autres. Mais dans un cas comme dans l'autre, qu'est-ce donc que la mémoire, puisque c'est bien de cela dont il s'agit, si ce n'est un jeu de polarités positif/négatif, une activité micro-électrique qui engendre en permanence des charges que, d'une façon inconnue, nos cerveaux accumulent à l'infini?   
Ces liaisons attraction/répulsion sont bien à la base même du vivant, qu'il s'agisse des amibes où des galaxies, nous retrouvons là l'enseignement de Newton. 

Le lieu où se constitue notre mémoire, notre cerveau, se trouve à quelque 5 feet above the ground, et c'est aussi le cas des animaux, des mammifères en particulier, dont l'activité cérébrale est si proche de la nôtre dans son principe, si ce n'est dans son produit. 

Le réductionnisme certes est... réducteur, il n'empêche, l'apparition de l'homo sapiens n'est-elle pas à l'origine d'un univers quasi virtuel en suspension juste au-dessus de la surface de la Terre? 

La vision que nous présente le réductionnisme n'est guère contestable : l'humanité est en dernier ressort la création ininterrompue dans nos cerveaux du jeu toujours en développement des lois électromagnétiques fondamentales.

Mais une fois encore, ce qui fait sens échappe au réductionnisme et nous ne comprendrons jamais comment des charges électriques peuvent être porteuses d'une quelconque signification.

Par ailleurs, il y a danger d'être entraîné dans une démarche aboutissant au solipsisme et dont chacun sait qu'une fois engagé dans cette voie, c'est comme dans un trou noir, on ne peut plus s'en dégager.

La Terre est à présent ceinturée d'un réseau d'ondes magnétiques à 1 mètre 60 d'altitude, c'est incontestable mais cela reste une représentation insensée.

Et réductionnisme ou pas, j'ai une forte envie de dormir et de continuer à produire des milliards d'étincelles dont le croisement des unes avec les autres ne manquera pas de donner un sens aux rêves qui m'habiteront...

13 commentaires:

Ned Ludd a dit…

"cette décomposition physico-chimique ne nous apprend rien sur le mystère de l'esprit et de la conscience. Là où il y a du sens, le réductionnisme, comme tout autre méthode scientifique, est inopérant."

"Mais une fois encore, ce qui fait sens échappe au réductionnisme et nous ne comprendrons jamais comment des charges électriques peuvent être porteuses d'une quelconque signification."

The quotes above seem to contradict other things you have written in your post. You make definitive statements about supposed limits of reductionism. This is close to the intelligent design folks' argument of "irreductible complexity" to defend the idea of a so-called "designer". They carefully don't refer to a god because they know the courts will reject their arguments as religious.

PZ Myers ,biologist, gives a lecture on reductionism though he doesn't go into the electrial charges. But it does lead to considering going further into the research.

Pharyngula is the title of his blog, which is well worth consulting.

Steven Pinker thinks that there may be some things we will never explain, but others that we can't now, like love, may be explanable in the future.

Flocon a dit…

Il est bien possible qu'il y ait des contradictions dans le billet mais elles m'échappent cependant.

Je m'aperçois que j'ai déjà écrit un billet sur ce thème il y a deux mois et demi, The further one travels, the less one knows but I fail to notice any contradiction. Mais enfin c'est possible après tout.

Needless to say I didn't have God on my mind quand j'ai écrit le billet...

Les créationnistes visent à prouver qq chose avec un argument ab absurdum et à remplir un vide avec leurs gamineries, ce qui n'est pas l'objet du billet.

If I get things in order, l'argument des créationnistes reprend l'argument infantile de Voltaire, le monde est une horloge trop extraordinaire pour qu'un horloger ne soit pas à son origine et l'on retombe tout de suite sur la question : Qui a créé l'horloger?

La surface de la Terre est à présent parcourue de millions d'ondes radio provenant en continu des cell-phones, this is a fact mais avant les téléphones portables - hormis les océans et les déserts -, la Terre était parcourue depuis des millions d'années des milliards de champs magnétiques émanant des cerveaux humains et animaux (c'est pareil).

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Je suis allé sur le blog que tu indiques, is it possible that this guy runs Pharyngula alone? Il y a plusieurs billets par jour, avec des liens en tous genres; H emust be relying on some sort of private staff...

Flocon a dit…

Steven Pinker thinks that there may be some things we will never explain, but others that we can't now, like love, may be explanable in the future.

Ce que dit Freud de l'amour me convient comme explication as well as what Schopenhauer wrote nearly 2 centurie ago, (1818).

La dernière phrase d'Un amour de Swann résume bien l'affaire à mon sens :

Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre.

Speaking of Proust and Schopenhauer...

Proust est fortement influencé par l'esthétique et la métaphysique schopenhaurienne comme le furent Wagner et Nietzsche. Traduite en termes de philosophie schopenhaurienne telle qu'elle est développée dans le Monde comme Volonté et comme Représentation, la petite phrase serait la manifestation sensible de la Chose en soi, le vouloir-vivre, le désir éternel et infini, antérieur à l'espace et au temps.

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L'amour comme les sentiments, comme la mémoire et les souvenirs et l'esprit en général, est un méta-monde inaccessible à la réduction scientifique, c'est le voile de Maya qui nous illusionne. Kant l'a formulé autrement dans la Critique Raison Pure.

Ned Ludd a dit…

Well Pinker for one thinks those things may not be "inaccessible à la réduction scientifique".

Ned Ludd a dit…

As far as I know, PZ Myers does his site alone. Maybe his wife helps him sort out all the mail and links he gets. But it is impressive what he posts.

Flocon a dit…

Pinker for one thinks those things may not be "inaccessible à la réduction scientifique".

Not sure I will live long enough to witness this apotheosis of science though ;-)

Tout savoir, absolument tout savoir de ce que nous sommes et de comment nous fonctionnons, est-ce souhaitable? Cela ne nous transformerait-il pas en animaux-machines connaissant très exactement à tout instant l'ensemble des processus et des composants of said process ?

Mise en abîme : notre savoir saurait ce qu'il est et saurait qu'il sait ce qu'il est etc.

Bon wait and see alors...

Cela dit, les questions relatives au langage sont fondamentales et passionnantes.

le rapport du langage à la peinture est un rapport infini (...) Ils sont irréductibles l'un à l'autre: on a beau dire ce qu'on voit, ce qu'on voit ne loge jamais dans ce qu'on dit, et on a beau faire voir, par des images, des métaphores, des comparaisons, ce qu'on est en train de dire, le lieu où elles resplendissent n'est pas celui que déploient les yeux, mais celui que définissent les successions de la syntaxe. Or le nom propre, dans ce jeu, n'est qu'un artifice: il permet de montrer du doigt, c'est-à-dire de passer subrepticement de l'espace où l'on parle à l'espace où l'on regarde, c'est-à-dire de les refermer commodément l'un sur l'autre comme s'ils étaient adéquats

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re Myers, one wonders if he has a life of his own then, parce qu'en plus il est supposé être enseignant, donner des conférences, voyager, écrire des articles, take care of his wife and chidren etc.

Maybe is he a bionic man who doesn't need to sleep...?

Flocon a dit…

Voici un article qui est écrit pour toi Ned.

Neurosciences, conscience, sentiments, God, LSD, dreams, biology and chemistry etc. Avec moult liens vers des chercheurs américains, Allan Hobson, Richard Alpert, Andrew B. Newberg et all...

No, please, don't thank me, I'm glad to offer you this link... :-)

Ned Ludd a dit…

Contrary to what some of the commentators say following the article, I found it quite informative, and I think I could tell if the commentator had taken hallucinogenes or not. I once saw a video report on the test on priests and those interviewed that had taken the real thing didn't talk about mystic experience, but only that it was a profound experience that changed their outlook, like almost everyone I know, including me, has felt on taking the drug.

I certainly never experienced "le sens du sacré" nor "une expérience mystique". My friends and I were rather in the category "un bon moyen pour s'éclater". I totally disagree with Allen Hobson's idea that "les drogues psychédéliques nous placeraient dans un état proche de celui du rêve, mais les yeux ouverts". I never felt that it was anything like a dream. It is more like being extra alert, though one's attention span tends to be short--you concentrate intensely on one thing and then another--and I never had "et que bien des "voyages" au LSD commencent comme des "mauvais trips" that experience. I have probably abused these drugs more than most people who have ever tried them.

I did know a very few people that I strongly discouraged from taking such drugs because I thought they were not stable enough or their personality wasn't suitable. My experiences were closer to Lars Farde's explanation, "un certain nombre de pensées et sensations qui seraient plus libres de parvenir à la conscience lorsque son action est inhibée, permettant d'éprouver des expériences ou des perceptions inusuelles".

Maybe some people interpret that as a "mystical" or "spiritual" experience. I think that it is likely that religions and religious experience are based more on use of hallucinogenes than is commonly thought. The mushroom amenita muscaria is common in Europe and the Mideast. Though I don't think Jesus ever existed, stories about him could be based on consumption of them and the for the revelation of Paul. The person or persons who wrote the book of "Revelations" certainly must have been on something. There was a book written about that, but I can't remember the title now. The same also goes for Mohammed.

Also, the trances and behavior of people considered bewitched or of being witches in the Middle-Ages may have been caused by consuming rotten barley which produces ergot, the substance that LSD was developed from. Several years ago I suffered from migraines, and I didn't even know what migraine was. Luckily a fell upon a specialist who prescribed me a medecine with the active ingrediant ergotomine and which had an immediate relief effect. I took it for a few weeks or months and didn't have the problem anymore. Unfortunately, there are different migraines and the same treatment doesn't work for everyone.

Flocon a dit…

Sorry for the delay to answer to you Ned,

« I didn't inhale » or more to the facts, I never even tried. Not that I objected to it but it simply never was my thing.

For what I understand of what you write, we didn't play in the same league :-)

Having no experience of the real thing (among other real things like sex and rock' roll) there's not much I can say 'bout it yet what I imagine is that there happens a feeling of widened consciouness.

Perceptions certainly are altered in the sense that there's more in a 3D world that unaware people can think of.

Le sens du sacré ou l'expérience mystique n'affectent probablement que ceux qui ont déjà ça en tête before they go.

I never felt that it was anything like a dream

Je n'en doute pas une seconde, les rêves ont un contenu et un sens « historiquement » fondés et structurés chez les individus alors que les trips sont le produits d'un pur désordre chimique dans le cerveau avec des résultats aléatoires.

The person or persons who wrote the book of "Revelations" certainly must have been on something.

That's why it's called Révélations
isn't it?

Just to think that because some individuals like Mohammed and others picked up some mushrooms and fried them, the world has turned into a living inferno for non believers or believers alike like was the case during the Spanish inquisition or any other historical example you can remember...

Flocon a dit…

As pertains to the sens du sacré ou l'expérience mystique, for whatever reason it reminds me of "Ludwig Feuerbach's quote « L'homme est appauvri de ce dont Dieu est enrichi ».

Funny that this exchange takes place on a post called 5 feet above the ground...

Ned Ludd a dit…

A correction, the mushrooms are eaten fresh or dried, frying would likely ruin them.

LSD a documentary on its history, which is very informative. The link above doesn't have the last few minutes, but if you search a bit you can find it.

Ned Ludd a dit…

Also, your last link doesn't work.

Flocon a dit…

A correction, the mushrooms are eaten fresh or dried, frying would likely ruin them.

Ned, the cordon bleu of LSD :-))

Ludwig Feuerbach should work.

The reason why I twice failed to make the links to Wiki work is because I'm now more used to HTML than to Blogger's way to link.