Après avoir effectué le premier vol spatial il y a 50 ans, Youri Gagarine avait déclaré quelques jours plus tard qu'il n'avait pas vu Dieu dans l'espace. Voilà ce qui s'appelle du matérialisme à l'état brut!
On peut être tenté à ce souvenir de faire la même remarque lorsque l'on considère les progrès extraordinaires des neurosciences et de l'imagerie médicale en particulier.
Il est à présent possible de visualiser les aires d'activité cérébrale de notre cerveau, on sait que ce sont les neurones réunis par les synapses qui organisent et régulent les flux électriques qui parcourent l'organe qui nous met en relation avec le monde, on sait tout cela et mille autre choses que j'ignore et je me dis qu'un croyant ferait la même réflexion : je ne vois pas l'âme.
Non seulement on ne "voit" pas l'âme bien sûr mais on ne voit pas davantage l'esprit ou la conscience.
Toutes les images du monde, les scanners et les IRM ne nous présenteront jamais que des objets externes à notre perception de nous-mêmes, comme si la pensée ne se reconnaissait pas dans le miroir qui lui est présenté et où elle ne voit qu'une représentation étrangère à elle-même.
N'est-il pas étonnant que ces flux et charges électriques qui rendent possible l'exploration cérébrale - nous sommes bien là au centre du monde en quelque sorte - soit totalement impuissants à se reconnaître eux-mêmes et restent soumis à la volonté de la conscience qui en est issue?
Ces micro courants électriques ne nous apparaissent finalement que comme d'autres éléments constitutifs de notre corps, tels le sang, les protéines ou je ne sais quel agrégat d'eau et d'humeurs.
Les milliards de neurones et synapses, les milliards d'étincelles qui chaque seconde connectent les uns et les autres se présentent bien pour ce qu'ils sont : des données physico-chimiques dépourvues de tout sens et de toute signification. Où est notre conscience? Où sont nos souvenirs? Où sont nos émotions? Sans parler même de notre inconscient...
Pour indispensable que soit la connaissance du fonctionnement de notre cerveau à des fins thérapeutiques par exemple, force nous est de constater que nous en sommes au même point d'ignorance relativement à la relation corps/esprit qu'il y a 10.000 et 100.000 ans, parce qu'il n'y a précisément rien à savoir ni à apprendre à ce sujet.
C'est un mystère destiné à le rester, ce qui permet à la religion et à la métaphysique toutes les hypothèses, encore que la métaphysique soit infiniment plus raisonnable dans son ambition.
Explorer plus avant encore le fonctionnement du cerveau, accéder au niveau moléculaire des cellules, voir in situ jusqu'aux atomes et aux électrons qui circulent dans la masse spongieuse de nos cerveaux ne nous avancera jamais d'un iota mais donnera toujours davantage raison à Lao Tseu : Plus loin tu voyageras et moins tu sauras.