Drôle de titre penserez-vous en le voyant illustrer une photo de Mamère.
Ce n'est pas de moi en fait mais du Canard Enchaîné il y a une bonne vingtaine d'années à présent. C'était à l'époque où Mamère sévissait sur la 3 (pas sûr, peu importe) et où il recevait une actrice américaine francophone qui souhaitait s'exprimer en français. Bon, pour une fois, il fallait tout à la fois l'en remercier et l'encourager. Et ce crétin de Mamère d'insister pour qu'elle parle anglais alors même qu'elle voulait s'exprimer en français sur une chaîne française.
Ça en devenait gênant jusqu'à ce qu'à force d'insister la malheureuse s'est résolue à parler anglais. Goujaterie du bonhomme qui fait donc partie des Bourguignons. Depuis, je ne peux plus le sacquer. Ce n'est pas une rumeur, je l'ai vu de mes yeux vu!!!
Dans le même registre de la soumission à la langue anglaise j'étais passé il y a quelques temps devant une charcuterie près de St Philippe du Roule qui s'intitulait fièrement "The little pig". Ça, ça m'a tué! le proprio s'imagine t-il qu'il augmentera son chiffre d'affaires avec une telle enseigne?
Combien de "pressings" pourraient tout aussi bien s'appeler laverie? Y lave t-on mieux le linge?
La première fois que j'ai été choqué par cette intrusion massive et inutile dans notre langue de termes anglais c'était en 1969 quand le magazine Best mettait en couverture que les lecteurs trouveraient un poster à l'intérieur. Bon, comme ça j'ai appris le terme anglais pour "affiche".
Les exemples abondent malheureusement du ticket à la place du billet (contrôle des billets s'il vous plaît), du tennisman alors que joueur de tennis convient parfaitement, comme joueur de rugby au lieu de rugbyman.
Quand Edith Piaf ou M. Chevalier ou C. Aznavour sortaient des 33 tours il était indiqué sur la pochette que l'enregistrement était public. C'est fini ça, les ringards. Maintenant c'est en direct live (on notera la redondance) alors qu'il y a encore 20 ans c'était en live. Ça n'a pas suffi, il a fallu préciser que c'était en direct. Merci Canal + !
Encore plus ridicule, la navette ferroviaire entre Paris et Londres s'appelle Le Shuttle. Ouais, et si on l'avait baptisé the navette, cela n'aurait pas eu l'air complètement c.? J'imagine que les Anglais eux parlent de the shuttle et non le shuttle.
Tout le mal à mon sens vient des media français, dans lesquels écrivent des gars qui ont un niveau d'anglais proche de la quatrième et qui compensent leur médiocrité en feignant de maîtriser leur affaire alors que l'immense majorité d'entre eux ne sont tout simplement pas capables d'entretenir une conversation en anglais.
Je connais une radio (radio courtoisie) qui fait le plus grand effort pour keep at bay les expression anglaises qui peu à peu délogent nos mots français.
Dernier exemple d'anglisisation qui m'est insupportable. Quand les politiques ou journalistes disent: le problème dans ce pays est que etc. Ce pays? De quel pays est-il question? Ben du nôtre évidemment mais ils traduisent mot à mot l'anglais "In this country". Je ne vois d'ailleurs pas pourquoi ce ne serait pas aussi fautif en anglais?
Je ne suis pas contre d'ailleurs l'usage de termes anglais (Baudelaire et le spleen) quand nous n'avons pas l'équivalent en français, surtout dans le domaine technique, mais dans la vie courante, nous sommes tout à fait équipés.
Voilà ce que donne l'esprit de soumission doublé de l'oubli de soi-même. Quelle misère...