La pensée arabe souffre de deux handicaps majeurs : Sa situation historique parmi les autres civilisations d'abord puisqu'elle est apparu plus de mille ans après les penseurs chinois, hindous et grecs. Plus encore, elle est fondée sur un dogme absolument intangible, inamovible et inaccessible à toute réflexion critique à savoir l'existence d'un livre sacré, le Coran bien sûr, accompagné des hadiths et de la Sunna.
Le premier nom que retient la tradition musulmane est celui de Al-Kindi qui, précurseur de tous les "philosophes" arabes et persans, s'inspire directement des pensées d'Aristote et Platon.
Les deux grands philosophes grecs ne cesseront d'alimenter la réflexion islamique qui pendant 5 siècles n'aura de cesse d'accommoder la pensée grecque de telle sorte qu'elle soit compatible avec les injonctions du Coran.
L'Europe a connu le même processus dès Augustin qui a consacré sa vie à concilier les vues de Platon avec celles de la Bible comme Thomas d'Aquin, neuf cents ans plus tard, le fera avec Aristote. Pendant plus de 13 siècles la philosophie occidentale n'a été que la servante de la théologie avec pour résultat une complète stérilité de la pensée qui en était, au sortir du Moyen-âge, au point qui était le sien trois siècles avant la chute de l'Empire romain avec Plotin.
Certes il y eut la querelle des universaux qui peut être considérée comme une véritable recherche philosophique mais de l'extinction des écoles grecques jusqu'à Francis bacon qui a entr'ouvert la porte vers le réel, la philosophie occidentale a tourné en rond pour ainsi dire.
Des centaines de docteurs en philosophie, des professeurs de théologie en réalité, ont composé d'innombrables ouvrages qui constituent ce qu'on appelle la patrologie, un corpus "philosophique" qui n'a en rien favorisé le développement de l'esprit bien au contraire, qui l'a maintenu entravé dans les liens de l'obscurantisme et de l'ignorance.
J'ai le sentiment qu'il en est de même avec la philosophie arabe -le terme philosophie est d'ailleurs inapproprié- qui n'a in fine rien produit qui puisse être considéré comme un progrès pour l'esprit donc pour les hommes.
Il est intéressant de constater combien les théologiens musulmans eux-mêmes, à l'instar de Ibn Taymiyya, sont très méfiants vis à vis de la philosophie, (comme le sera l'Église Romaine) voire la considèrent hérétique dans son essence même. La seule vérité est celle qu'énoncent le Coran et les hadiths!
Est-ce un hasard si la "philosophie" arabe s'est éteinte au XIVè siècle avec la disparition de Ibn Khaldoun quand les commentaires des maîtres grecs en ont épuisé toutes les richesses et que toute réflexion s'est momifiée parce que la religion musulmane a figé tous les esprits dans la croyance au dogme coranique?
Quel intérêt peuvent encore présenter les travaux des pères de l'Église si ce n'est d'un point de vue universitaire pour considérer les errements de l'esprit dominé par sa soumission à la superstition et à l'obscurantisme?
N'en va-t-il pas de même pour les écrits de Al-Kindi, Ibn Farabi ou Al-Ghazâlî voire même Avicennes dont on se représente mal qu'ils soient enseignés ailleurs que dans les madrassas coraniques pour leur conformité avec le Coran ou dans les universités occidentales à titre de témoins de la pensée arabe.
De même qu'après des siècles de tâtonnements purement empiriques l'alchimie est parvenue par hasard à découvrir certains corps simples, il n'en reste pas moins que l'alchimie ne pouvait aboutir qu'à une impasse de par sa nature strictement non scientifique.
Pareillement, toute la philosophie arabe, enchaînée comme elle l'était par le dogme du Livre sacré, n'avait d'autre destin que de disparaître dans les sables puisque son fondement était irrationnel.
L'alchimie est à la chimie ce que la théologie est à la philosophie.
S'il y a un salut pour l'homme c'est par la Raison qu'il peut le trouver et d'aucune autre façon.
(il n'est question que de philosophie ici et non des découvertes mathématiques, astronomiques, médicales et autres de la civilisation arabe bien sûr)